Coumba Sow

La canne du grand-père

Performance filmée

Parmi tous les objets qui nous entourent, certains ont à nos yeux une valeur particulière. Souvent liés à un souvenir, à un être aimé. Les objets cristallisent nos émotions et nos sentiments : amour, tristesse, joie, nostalgie etc. On entretient avec eux une relation intense, voire passion-nelle. On les aime, on frémit à l’idée de les perdre, on cherche frénéti-quement à les retrouver. Ils sont aussi témoins d’un fragment de notre histoire et de notre vécu, ils sont aussi une part de nous-même dont nous avons du mal à nous séparer. Si les objets ont bien une âme, elle est alors un reflet de la nôtre, puisqu’ils n’existent qu’à travers nous. C’est dans ce sens que mon projet s’est porté sur la canne de mon grand-père. Il y a dix ans, celle-ci m’a été offerte par mon père, qui l’a lui-même héritée de son père en 1989. Elle est dans la famille depuis plus de cinquante ans. Une fois, pendant la fête de Tamkharitte, également appelée « Taajabone », mon père me l’a offerte pour que je la tienne à mon tour pour déguiser en Grand-père.
Cet objet a une valeur sentimentale pour moi, car à chaque fois que je le tiens, cela m’évoque mon Grand-père que je n’ai jamais connu. C’est ainsi que j’ai réalisé une vidéo sur le « Taajabone » pour mettre en scène l’histoire de cette canne. Ce projet peut être lié avec les sujets « récits d’objets » dans le sens où on s’est intéressé à la vie sociale et culturelle de l’objet, la manière dont il passe de main en main et dont le statut change, dont l’usage évolue. On s’est également intéressé à l’attachement de la fa-mille au souvenir du grand-père ainsi qu’à la valeur patrimoniale qui est liée à l’histoire du don ou de la vie de l’objet dans la famille.